Coraline de Chiara
Brouillard contact
Il y a souvent chez Coraline de Chiara ce que l’on pourrait appeler un effleurement des contraires. Par les couleurs, par les matières, par les images mises les unes à coté des autres ou superposées, par les formes, par les formats. C’est un jeu d’échelles qui tend au brouillage volontaire : ce sont des tableaux plein de bruits. Et, Coraline de Chiara manipule avec autant d’aisance l’histoire de l’art que les images tautologiques, plaçant ainsi le spectateur dans une position sinon ambivalente, du moins trouble. En effet, les œuvres de Coraline de Chiara ne se donnent pas à voir aisément : différentes niveaux de lectures se superposent ; elle joue ainsi avec la délicate question de ce que peut-être une image, un tableau, une technique picturale. Un trouble – disons tout à la fois pratique et théorique – accentué par une manipulation heureuse de l’histoire de l’art.
Dès lors, les peintures de Coraline de Chiara sont pleines de fantômes. On y rencontre des fantômes de l’histoire (de l’art, donc) et tout autant ceux qui disent l’absence et qui se manifestent par les jeux visuels mis en place par l’artiste. Il y a chez Coraline de Chiara un évident jeu d’illusion, du montrer oblique, du dévoilement.
Pour l’exposition, l’oeuvre que l’artiste a réalisée sous le titre Le Royaume, est de ce point de vue intrigante. Elle mêle tout à la fois l’idée de la peinture dite de Paysage – dans sa grande tradition – mais aussi une histoire de l’art plus contemporaine : Support-Surface, Claude Rutault… Cela pourrait ne rester qu’une suite de citations amusantes, et ne pas véritablement faire plus de sens que cela. Ce n’est pas le cas, car le travail développé depuis plusieurs années par cette jeune peintre ne cesse de créer des ponts entre artistes, époques, cultures, faisant ainsi de ses toiles le lieu des rencontres et des possibles.
Ou, pour le dire autrement, le lieu où fantômes Praxis et fantômes Poesis peuvent troubler (hanter, pourrions-nous dire) une même surface et trouver un point de rencontre, un point de contact : ce locus des contraires affleurant où le dialogue doit pouvoir s’amorcer.
Ou, pour le dire autrement, le lieu où fantômes Praxis et fantômes Poesis peuvent troubler (hanter, pourrions-nous dire) une même surface et trouver un point de rencontre, un point de contact : ce locus des contraires affleurant où le dialogue doit pouvoir s’amorcer.