À partir de matériaux photographiques existants, Coraline de Chiara construit sa propre histoire, de l’ordre du journal intime. Par la sélection et la juxtaposition d’images réminis- centes issues d’univers variés (géologie, archéologie, encyclopédies et livres d’art, etc.), l’artiste se réapproprie non seulement des cultures mais aussi l’Histoire. Coraline de Chiara intègre à ses œuvres les traces et annotations du geste de lecture. Cette démarche historio- graphique, liée à la récupération de fragments culturels en voie de perdition, est un acte frondeur, à contre courant du temps et des modes.
Ce déplacement des termes est un mouvement récurrent dans le travail de l’artiste, à travers ses marches, partie intégrante du processus de construction de ses œuvres, présentes dans ses séries « Friedrich Mercury» et « Merapiland ». Mais également par les assemblages des sujets de ses toiles, allers venues dans le temps et dans l’Histoire. Les minéraux, fragments de périodes millénaires, sont ainsi des acteurs ayant traversé le temps et l’espace, témoins originels d’époques révolues, se transformant en vanités. Cette collection minéralogique est un rapport réel au temps, à l’existence humaine, à son héritage et à notre finitude.
« La collection figure le perpétuel recommencement d’un cycle dirigé, où l’homme se donne à chaque instant et à coup sûr, […], le jeu de la naissance et de la mort » (Le système des objets, Jean Baudrillard). Le passage à la peinture permet un nouveau rapport au temps, affirme et ancre les collages dans une nouvelle dimension. La peinture devient liant et noue une composition d’images associées, décloisonnées, permettant sa réactivation.
Based on existing photographic material, Coraline de Chiara constructs her own story, as one would a journal. By selecting and juxtaposing images from various worlds (geology, archeology, encyclopaedias and art books etc), the artist is appropriating both culture and history. Coraline de Chiara fuses traces and annotations, replicating the gesture of writing in her works. This historian approach, linked to the idea of recuperating cultural fragments that are disappearing, is a defiant act that goes against our time and fashions.
Displacement of forms is recurrent in the artist’s practice. Walking and travelling play a key role in the construction process of her work, particularly in the series « Friedrich Mercury » and « Merapiland ». The same displacement is also applied through the pieces used in her collages, which also go backwards and forwards in time. Minerals and fragments from ancient times that have travelled through time and space play witness to past times, they become objects of vanitas. This collection of minerals has a real link with time, human existence, heritage and finiteness. The collection figures the perpetual rebeginning of a defined cycle, where man gives himself to every moment with certainty (…), the game of life and death (The System of Objects, Jean Baudrillard). Painting allows for a new relationship with time, it affirms and anchors the collages in a new dimension. Painting becomes a binder that brings together a composition of associated images, that are decompartmentalised, allowing for them to be reactivated.